La pêche
nous vient de loin : on trouve des traces de sa présence, à l'état
spontané, dans la Chine méridionale environ cinq cents ans avant notre
ère. Et c'est depuis l'Asie qu'elle a gagné l'Occident, au cours des
siècles. Elle devait atteindre d'abord la Perse (d'où son appellation
"Prunus persica"), puis l'Arabie, la Mésopotamie, et
enfin l'Egypte (où la pêche était le fruit d'Harpocrate, dieu du
silence).
Connue des Romains, qui en identifiaient déjà cinq variétés, elle mit
quelques siècles à se faire apprécier chez nous.
Mais dès le XVe siècle et surtout le XVIe siècle, notre pays devient
le centre de sa culture en Europe. A Versailles, le jardin fruitier du Roi
Soleil comportait plus de trente variétés différentes de pêches, dont
les fameuses "Belle de Chevreuse", "Belle de
Vitry", et l'admirable "Téton de Vénus", au
nom évocateur de délices !
C'est à la même époque que commencèrent les plantations en espaliers,
qui firent bientôt la réputation de la pêche de Montreuil.
Aujourd'hui, on cultive en France de nombreuses variétés de pêches, qui
ont subi avec succès les épreuves de sélection (notamment en ce qui
concerne la saveur, la coloration, et la période de maturité).
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Récoltée
depuis toujours, la framboise n'a été véritablement cultivée
qu'au début du XXe siècle. Certaines variétés peuvent être
"remontantes" : fournissant une première récolte en juin, elles
continuent de fleurir et fructifier jusqu'aux gelées, début octobre.
Roses, saumonées, jaunes ou blanches, les petites baies rondes et acidulées
du groseillier à grappes arborent diverses couleurs. Moins connues,
les groseilles à maquereaux sont de dodus fruits légèrement velus
et translucides parés de couleurs variées.
C'est à partir du XVIIe siècle que les plantations de cassis se
répandent en France et que la petite baie de jais, présentée comme une
panacée universelle, connaît alors une grande vogue.
Encore appelées "Bleuets", la plupart des myrtilles
commercialisées en France sont des fruits cultivés. Leur peau bleue, leur
chair blanche les distinguent des myrtilles sauvages, petites noiraudes, très
fragiles à la chair colorée et tachante. Ces dernières se trouvent néanmoins
parfois sur les marchés, en été.
Les mûres commercialisées sont également cultivées et diffèrent
des fruits sauvages de la ronce par une taille plus imposante et une saveur
plus douce.
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Poire
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Originaire,
comme beaucoup de fruits, de l'Asie centrale, le poirier (Pyrus
communis) s'est répandu dès l'époque néolithique dans toute l'Europe
occidentale (on a d'ailleurs retrouvé des pépins de poire dans de nombreux
sites préhistoriques).
La culture proprement dite de la poire aurait commencé en Chine, plus de
quatre mille ans avant notre ère.
Les Grecs semblent avoir apprécié les poires, qu'Homère nommait
"cadeau des dieux". Mais ce sont les Romains qui, pratiquant systématiquement
la greffe ("Greffe tes poiriers, Daphnis, tes petits neveux en
recueilleront les fruits", chantait Virgile), développèrent le nombre
des variétés : Caton n'en cite que six, Pline déjà plus de quarante,et
on en recensait une bonne soixantaine à la fin de l'Empire romain.
La diffusion des poires se fit progressivement dans toute l'Europe.
A l'époque médiévale, les poires ne semblaient guère fameuses, si
l'on en croit leurs dénominations : "caillou rosat", "poire
d'angoisse", que l'on consommait surtout cuites.
Mais rapidement, les variétés devaient s'améliorer et devenir plus
nombreuses : on en compte environ deux cents à la Renaissance, près de
cinq cents sous le règne du Roi-Soleil, dont certaines portent des noms
aussi évocateurs que "Muscate", "Bergamotte",
"Frangipane", "Cuisse-madame",
"Virgouleuse"...
A présent, l'éventail des variétés s'est encore enrichi, et on peut en dénombrer
plusieurs milliers, dont une dizaine seulement ont une réelle importance
commerciale. Les poires que nous consommons aujourd'hui, nées pour la
plupart au siècle dernier, sont le résultat de sélections attentives.
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Poireau
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L'origine
géographique du poireau reste incertaine... Proche parent de l'ail et de
l'oignon, le poireau (Allium porum) est lié depuis toujours à
l'histoire des civilisations.
Assyriens, Chinois et Egyptiens consommaient et aimaient le poireau. Les Hébreux
aussi : on affirme que durant la fuite en Egypte, ils regrettaient trois
choses, les concombres, les melons... et le poireau ! Quant au pharaon Chéops,
il offrait des bottes de poireaux pour récompenser ses meilleurs
guerriers.Mais l'histoire de ce légume reste surtout attachée à
l'empereur Néron, que l'on surnommait "le porrophage", tant il
appréciait le poireau : utilisant les vertus bien réelles du poireau pour
calmer la toux et adoucir les cordes vocales, il prenait chaque jour force
bouillons de ce légume.
Le poireau aura aussi son heure de gloire "guerrière", lorsque
les Gallois furent victorieux dans une bataille décisive... au cours de
laquelle, pour se reconnaître, ils avaient arboré un poireau fiché dans
leur chapeau! C'est depuis ce temps que le poireau a été adopté comme
emblème par le pays de Galles.
Le poireau était particulièrement prisé au Moyen-Âge, quand les
productions alimentaires se trouvaient limitées. Après une période de
relatif dédain, il a été redécouvert par les virtuoses de la nouvelle
cuisine... et par tous les amateurs de saveurs typées et appétissantes.
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Poivron
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Originaire
d'Amérique centrale, le poivron (Capsicum annuum) a été
introduit en Europe au XVIe siècle, en même temps d'ailleurs que le
piment, qui appartient à la même famille, mais possède, lui, une saveur
brûlante très prononcée.
Il existe plusieurs dizaines de variétés de poivrons, de toutes tailles et
de toutes couleurs, du violet pourpre au rouge orangé, du vert sombre au
jaune pâle.
Mais on ne sait pas toujours que le poivron vert est, en fait, un poivron
rouge qui n'a pas atteint sa pleine maturité ! Le poivron a été assez
largement cultivé en Europe depuis le XVIIIe siècle.
Il constitue la base du plat national hongrois, le goulasch, et figure dans
de nombreux plats traditionnels dans tout le bassin méditerranéen :
ratatouille provençale, piperade basquaise, paëlla espagnole, antipasti
italiens, etc.
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Pomelo
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Seule
espèce d'agrume à ne pas être originaire d'Asie, le pomelo est observé,
depuis le XVIIIe siècle, aux Barbades.
On raconte que c'est le comte français Philippi, chirurgien des armées
napoléoniennes qui, capturé par les Anglais lors de la bataille de
Trafalgar, découvrit, en 1823, le pomelo aux Bahamas où il était
emprisonné. Le militaire fut ensuite à l'origine des premières
plantations de cet agrume en Floride.
La culture du pomelo dans cet Etat s'étendit dès 1885, gagna la
Californie, le Texas, l'Arizona ; le pomelo était, au début du XXe siècle,
un des agrumes les plus couramment consommés. C'est à cette époque que se
diversifièrent la plupart des variétés toujours consommées aujourd'hui.
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Pomme
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Venue,
pense-t-on, du Caucase, la pomme aurait profité d'une accalmie entre
deux périodes glaciaires pour gagner l'Europe centrale : des vestiges de
pommes ont d'ailleurs été retrouvés dans les villages lacustres néolithiques
de Suisse ou d'Italie du Nord. Les Grecs en avaient déjà sélectionné
plusieurs variétés (Caton en décrit sept), et les Romains en
connaissaient une bonne trentaine qu'ils allaient introduire dans une grande
partie de l'Europe.
A la fin du XVIe siècle, le grand agronome Olivier de Serres en répertoriait
plus de cinquante variétés différentes. A l'heure actuelle, il en existe
plusieurs centaines, mais le choix du marché tourne autour d'une trentaine
de variétés différentes, progressivement sélectionnées pour leurs
qualités gustatives, leur résistance, leur rendement, et leur aptitude au
transport...
A noter que l'on trouve encore régionalement des variétés plus fragiles
ou plus rares, consommées à l'échelon local.
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Pomme
de terre
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Originaire
de la cordillère des Andes, la "papa" fut introduite en
Galice au XVIe siècle.
Elle prit le nom de "batata" qui fut traduit en France par Patate.
Répétons-le : la pomme de terre doit beaucoup à Parmentier qui
l'avait découverte durant sa captivité en Allemagne. Celui-ci porta
plusieurs rameaux de fleurs de pomme de terre à Versailles ou elles
garnirent le chapeau du roi. Autre idée de notre publicitaire avant l'heure
: les plantations de pomme de terre étaient gardées militairement le jour,
de façon à laisser, le soir, libérer cours à la convoitise et à la
maraude. Cette initiative contribua à introduire la pomme de terre dans la
société française. Ce fut le début d'un développement extraordinaire
qui fit de la pomme de terre une base essentielle de notre alimentation.
En 1960, chaque français en mangeait encore 100 g en moyenne. La
consommation a ensuite diminuée en relation avec la progression des niveaux
de vie et l'apparition de nouveaux produits alimentaires.
La consommation s'est stabilisée dans les dernières années, avec l'amélioration
de la qualité et de la présentation. Elle a même augmenté si nous tenons
compte de la consommation en produits transformés.
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Pomme de terre primeur
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La
pomme de terre est originaire d'Amérique du Sud, probablement des hauts
plateaux andains. Elle était déjà cultivée par les Incas, et fut rapportée
du Pérou par les Espagnols, au début du XVIe siècle.
Rapidement, sa culture gagna l'Italie (où elle fut d'abord utilisée
pour l'alimentation animale), la Suisse, l'Angleterre. Elle commence à
s'implanter dans quelques régions de France (Lyonnais, Lorraine, Bourgogne)
dès la fin du XVIe. Mais interdite par la Faculté sous le prétexte
qu'elle était "malsaine", elle devait rester longtemps méprisée
par la haute société... alors qu'elle était largement consommée dans le
peuple !
Il faudra attendre Parmentier, à la fin du XVIIIe siècle, pour que la
pomme de terre soit réhabilitée, et se répande dans toute la société
française.
Jusqu'au siècle dernier, la pomme de terre n'était récoltée et
consommée qu'à totale maturité : les pommes de terre nouvelles étaient
jugées insipides, et même toxiques !
Mais vers 1850, les maraîchers d'Ile-de-France commencèrent à produire
des pommes de terre "primeur". Elles connurent rapidement un
grand essor, et leur culture s'est développée dans les régions dotées
d'un climat suffisamment doux (Bretagne, Roussillon, Provence, Aquitaine).
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Prune
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On
ne connaît pas vraiment l'origine du prunier domestique : c'est
probablement un hybride de plusieurs espèces européennes et asiatiques.
Cette culture semble très ancienne dans des sites datant de l'âge du
bronze on à retrouvé des noyaux d'une variété de prune proche de la
Mirabelle.
Les Egyptiens cultivaient le prunier : des prunes séchées faisaient partie
des provisions des tombeaux des pyramides !
Les Etrusques, puis les Latins devaient améliorer cette production fruitière
: il existait chez les Romains une douzaine de variétés différentes de
prunes.
L'Espagne, puis la France dès le Moyen Age, feront de la prune un de leurs
fruits de prédilection.
Et elle participera, à sa façon à l'histoire : La "Prune de
Damas" aurait été apportée de Syrie par les Croisés. d'où son nom.
La variété "Reine Claude" fut ainsi baptisée en l'honneur de
Claude, première épouse de François 1er.
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